Gestion du changement en IT : stratégies, processus et meilleures pratiques

Héraclite disait qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, soulignant que le changement est la seule constante… et aussi ce qui provoque le plus de sueurs froides en technologie. La différence entre des transformations qui nous rapprochent de nos objectifs, et d’autres qui nous emportent comme un cheval lancé au galop sans rênes, réside dans une bonne gestion du changement en IT. Voici donc un guide complet.

Nous y verrons le cycle de vie de la gestion du changement, les méthodologies, des exemples concrets et des outils pour naviguer dans une rivière pleine de rapides et de rochers.

Qu’est-ce que la gestion du changement en IT ?

Qu’est-ce qui va plus vite, la lumière ou les évolutions technologiques ? Que ce soit pour des raisons de sécurité ou de compétitivité, le changement en IT est constant et fulgurant. Sa gestion fait référence à la manière dont les organisations planifient, mettent en œuvre et contrôlent ces changements dans leurs systèmes, processus, technologies ou infrastructures IT.
L’objectif est de minimiser les risques et de garantir que les changements soient réalisés de manière efficace, sans impact négatif sur les SLA.
En d’autres termes, il s’agit d’un processus structuré qui permet de s’assurer que toute modification technologique (nouveau logiciel, mise à jour, changement de configuration, etc.) est réalisée de manière contrôlée et documentée, afin de :

  • Ne pas perturber les services ou déclencher des erreurs dans les innombrables pièces mobiles de l’infrastructure IT d’une organisation.
  • Ne pas compromettre la sécurité face aux nouvelles menaces, vulnérabilités ou exigences réglementaires.
  • Nous permettre de rester à la pointe. Ceux qui gèrent et mettent en œuvre le changement le plus efficacement obtiennent des avantages décisifs—et cela fait toute la différence entre s’envoler ou s’effondrer dans des environnements toujours plus compétitifs, où le gagnant rafle tout, ne laissant rien aux autres.

La différence entre la gestion du changement et le Release Management

Petite parenthèse pour clarifier la différence entre la gestion du changement IT et le Release Management.
Le Release Management se concentre sur la planification, la programmation et le contrôle du déploiement de nouvelles versions de logiciels, de matériels ou de services. Il ne constitue donc qu’une partie de la gestion du changement en IT.
La gestion du changement, quant à elle, vise à contrôler et superviser toute modification apportée aux systèmes, processus ou infrastructures IT — et pas seulement les nouvelles versions.

Comment fonctionne la gestion du changement en IT ?

Le changement en IT est un concept large qui englobe plusieurs types d’évolutions :

  • Les changements technologiques à proprement parler : mises à jour logicielles ou matérielles, migrations vers le cloud, déploiement de nouveaux outils, etc.
  • Les changements de processus : modifications dans les workflows, améliorations de la gestion des tickets ou des incidents, adoption de nouvelles méthodologies comme Agile ou DevOps.
  • Les changements d’infrastructure : configuration de serveurs ou de bases de données, ajustements en matière de sécurité réseau (pare-feu, politiques d’accès, etc.).
  • Les changements organisationnels : restructuration des équipes ou formation du personnel aux nouvelles technologies et méthodes, faisant partie intégrante de la gestion du changement organisationnel.

Les responsables du changement doivent donc faire face à deux réalités très différentes :

  • Une technologie qui évolue à chaque seconde.
  • Des êtres humains qui, contrairement à Héraclite, changent très peu avec le temps.

On le voit, le champ est bien plus complexe qu’il n’y paraît. C’est pourquoi il est essentiel d’adopter une approche méthodique.

Le cycle de vie de la gestion du changement en IT

Le 1er août 2012 s’annonçait comme une autre journée d’été tranquille. Knight Capital, le plus grand trader d’actions aux États-Unis, se préparait à gérer ses plus de 21 milliards de dollars de transactions quotidiennes sur les marchés…
Mais tout a basculé en un clic.
Ce matin-là, l’entreprise a mis en œuvre un changement dans son logiciel de trading, en le déployant sur ses huit serveurs. Pourtant, il n’existait aucun plan, aucune procédure écrite, ni aucune gestion formelle du changement en IT. Le déploiement a été fait manuellement, et l’ingénieur en charge a oublié de copier le nouveau code sur l’un des serveurs.
Il n’y avait ni second ingénieur pour valider l’opération, ni système d’alerte pour détecter l’écart entre les serveurs. Et lorsque les marchés ont ouvert, c’est aussi la porte du désastre qui s’est ouverte.
Le logiciel a commencé à exécuter frénétiquement des ordres d’achat et de vente, entraînant des pertes de plusieurs millions de dollars chaque seconde.
Un clic, un matin, un changement… qui s’est soldé par le rachat de Knight Capital à bas prix par un concurrent.
Voilà ce qui peut arriver quand on ne gère pas les changements IT selon les bonnes pratiques. Et même s’il existe plusieurs cadres de référence — que nous verrons plus loin — voici le cycle de vie naturel d’un changement.

Demande de changement

Tout commence par un déclencheur, comme une volonté d’amélioration continue des processus — par exemple, lorsque l’équipe de développement propose une migration vers le cloud. Il peut aussi s’agir d’une exigence externe, comme la conformité à la norme ISO 27001 en cybersécurité.

Évaluation du changement et de ses alternatives

C’est ici qu’interviennent des concepts clés de la gestion du changement IT, notamment le CAB (Change Advisory Board) — le comité consultatif chargé d’évaluer, de prioriser et d’approuver les changements proposés. Il est généralement composé de :

  • Le Change Manager, responsable ultime du changement.
  • Des techniciens concernés, tels que les administrateurs réseau ou l’équipe cybersécurité, selon la nature du changement.
  • Les responsables métiers ou de service impactés. Par exemple, si l’on prévoit de déployer un nouveau CRM, le responsable de la gestion client devrait siéger au CAB pour apporter un point de vue utilisateur (qui sera sans doute ignoré par les techniciens).
  • D’autres parties prenantes clés. Dans l’exemple du CRM, le directeur commercial pourrait également intégrer le CAB, compte tenu de l’impact potentiel sur l’ensemble du processus de vente.

Le CAB a pour mission d’identifier les risques (latence, coûts, processus impactés…) ainsi que les objectifs souhaités.

Approbation ou rejet du changement

Si le changement est approuvé, cela peut être de manière totale, partielle et/ou sous conditions (par exemple, la réalisation de tests préalables avec des résultats spécifiques à atteindre).

Planification du changement

Cette étape définit les tâches à effectuer, les dates, les responsables ainsi que les bonnes pratiques à suivre pour minimiser l’impact sur les processus métier.
Par exemple, c’est ici qu’on définit la fenêtre de changement, comme un samedi à 1 h du matin, moment où le site web concerné est le moins visité. Si le changement concerne des zones critiques, des tests en environnement de staging seront planifiés, ou bien on pourra utiliser des pratiques émergentes comme le jumeau numérique.
Dans ce cas, on crée une réplique virtuelle de l’environnement, on y applique d’abord le changement, puis on observe les résultats. De la même manière, on prépare un plan de rollback pour pouvoir « appuyer sur Ctrl+Z » en cas d’échec.
La méthodologie ITIL regroupe ces phases — évaluation, approbation et planification — sous une seule étape appelée « Évaluation et planification ». Bien que ce guide s’en inspire, nous avons préféré en détailler les trois composantes pour plus de clarté.

Mise en œuvre du changement

Il s’agit tout simplement de mettre en pratique ce qui a été planifié.

Revue du changement

Quand Napoléon disait qu’aucun plan ne résiste au contact de la réalité, il ne parlait pas de l’IT… mais il aurait pu. D’où l’importance de :

  • Vérifier que le changement n’a pas d’effets indésirables.
  • Vérifier qu’il atteint les objectifs définis, à l’aide de métriques appropriées (que nous verrons plus tard).

Documentation

Si tout s’est bien déroulé, on documente le changement. Par exemple, en cas de migration vers le cloud, on met à jour la CMDB (Configuration Management Database) avec les informations pertinentes.

Les deux facettes du changement en IT

Après avoir vu le cycle de vie, il est important de noter qu’une grande partie des changements « externes » provient des utilisateurs, via des incidents ou des demandes.
D’un autre côté, une grande partie des changements « internes » résulte du développement de nos propres projets.
C’est pourquoi il est essentiel d’intégrer et d’automatiser au maximum ces deux flux. C’est là qu’interviennent : le Service Desk, qui centralise de nombreux changements d’origine externe et les outils de gestion de projets et de processus métier, qui génèrent la majorité des changements internes.
Explorons maintenant ces deux dimensions plus en détail.

Gestion du changement dans l’ITSM et le Service Desk

La gestion du changement en IT est un processus central de l’ITSM (Gestion des Services Informatiques). Elle joue également un rôle clé dans le Service Desk, qui constitue le point de contact avec les utilisateurs — et donc la porte d’entrée de nombreux changements, souvent déclenchés par la correction d’erreurs ou des demandes d’amélioration de processus.
Selon la méthodologie ITIL, les changements peuvent être classés en trois catégories :

  • Standard : à faible risque et fréquents, comme le renouvellement d’un certificat SSL.
  • Normaux : planifiés mais plus complexes, avec un impact significatif, et nécessitant l’évaluation et la validation par le CAB.
  • Urgents : non prévus et critiques, comme la correction rapide d’une vulnérabilité de sécurité.

Étant donné que de nombreux changements proviennent directement des utilisateurs, il est essentiel d’automatiser autant que possible, notamment en intégrant des outils de gestion de tickets permettant de suivre et accélérer le traitement de ces changements.

Gestion du changement dans la gestion de projets

L’avancement de nos projets IT entraîne naturellement des changements. D’où l’importance d’intégrer également un contrôle des changements dans la gestion de projets.
Le manifeste Agile affirme que « les changements de besoins sont les bienvenus » (même si, dans la réalité quotidienne, cela peut parfois sembler moins enthousiasmant). En Scrum, ces changements sont intégrés dans le product backlog, où ils doivent être priorisés selon leur importance, voire découpés en éléments plus petits s’ils sont trop volumineux.
Cependant, même en gestion agile, il existe le principe de « protéger le sprint ». Autrement dit, lorsqu’un changement apparaît dans le sprint backlog, on ne se précipite pas pour l’implémenter. On l’analyse, et dans bien des cas, seuls les changements urgents sont introduits en cours de sprint. Les autres seront reprogrammés dans le sprint suivant.
Dans ce contexte, DevOps et l’automatisation sont des alliés essentiels. Les pipelines CI/CD (tels que Jenkins ou GitLab CI) permettent d’intégrer rapidement les changements de code. Par ailleurs, les outils d’Infrastructure as Code (comme Terraform ou Ansible) garantissent que chaque modification sur les serveurs ou les réseaux soit traçable et réversible. Ainsi, même les changements complexes peuvent être gérés avec l’agilité requise par des approches comme Scrum.
Au final, les projets IT ressemblent beaucoup à des rénovations à domicile : ces « petites modifications » qui surgissent en cours de route finissent souvent par faire exploser les délais et les budgets. Si l’on ne veut pas que le planning s’étire jusqu’aux confins de l’univers, il est impératif de maîtriser le flux des changements.

Sécurité, conformité et défis de la gestion du changement en IT

En technologie, nous devons répondre à de nombreuses exigences. C’est pourquoi la gestion du changement ne se limite pas à ce qui vient des utilisateurs, des projets ou d’éléments externes (comme une nouvelle législation). Elle doit aussi prendre en compte un ensemble de défis supplémentaires, notamment :

  • S’assurer que les changements ne remettent pas en cause la conformité réglementaire (RGPD, normes ISO, etc.) — ces cadres définissent les limites à ne pas dépasser.
  • Préserver la sécurité, ce qui implique que le département cybersécurité participe activement au CAB.
  • Documenter correctement chaque changement, à la fois en interne (dans la base de connaissances) et en externe (pour répondre aux éventuels audits ou inspections, comme ceux liés à la directive NIS2). Tout comme un logiciel a son changelog, nos changements doivent être également tracés et accessibles. Des outils comme Pandora ITSM facilitent cette tâche.
  • S’assurer que les équipes concernées soient formées aux nouveaux processus ou outils, et que le changement soit correctement adopté.
  • Atteindre les objectifs fixés, ce qui nécessite de définir et suivre des indicateurs de performance (KPIs).
  • Réduire les risques, en les analysant en amont et en définissant une politique de rollback (retrait) en cas d’échec du changement.

KPIs et métriques pour évaluer l’efficacité des changements

Ces indicateurs varient selon la nature du changement, mais ils couvrent généralement deux grands domaines :

  • Les métriques liées à l’amélioration recherchée. Si, par exemple, nous avons migré vers le cloud pour améliorer les performances, nous devons le mesurer et vérifier que c’est bien le cas. Les SLA (accords de niveau de service) et la satisfaction des utilisateurs sont aussi des KPIs essentiels dans tout changement significatif. Après tout, notre objectif n’est pas de changer par mode ou par principe, mais d’optimiser l’expérience utilisateur et la qualité de service.
  • Les métriques liées à notre capacité de gestion du changement, telles que :
    • Le pourcentage de changements réussis.
    • Le temps moyen de mise en œuvre.
    • L’impact sur la disponibilité des services.
    • Les coûts associés, etc.

Nous voulions être des technologues, et nous voilà devenus des jongleurs, avec trop de balles en l’air, prêtes à nous échapper à tout moment. Cette sensation est fréquente en gestion du changement, d’où l’importance cruciale d’adopter des méthodologies éprouvées.

Méthodologies pour la gestion du changement en IT

Ces méthodologies regroupent les meilleures pratiques en matière de gestion du changement IT. Voici les principales :

ITIL

Acronyme de Information Technology Infrastructure Library (Bibliothèque d’infrastructure des technologies de l’information).
Il s’agit du cadre de référence par excellence, qui imprègne l’ensemble de ce guide. ITIL propose un ensemble structuré de bonnes pratiques pour la gestion des services IT, avec des processus standardisés pour évaluer, approuver et mettre en œuvre les changements.

ADKAR

Un modèle développé par Prosci, axé sur le facteur humain. L’acronyme représente les 5 étapes de l’adoption du changement : Awareness (Conscience), Desire (Désir), Knowledge (Connaissance), Ability (Aptitude) et Reinforcement (Renforcement).
Ce modèle est particulièrement adapté aux changements impliquant une adoption humaine importante, comme l’introduction de nouvelles technologies ou de nouvelles façons de travailler.

Kotter

Développé par John P. Kotter, ce modèle propose 8 étapes pour réussir un changement, allant de la création d’un sentiment d’urgence, à la communication et à l’autonomisation des acteurs du changement.
C’est, une fois encore, un cadre qui met l’accent sur l’importance des personnes, souvent le facteur le plus complexe à gérer dans les processus de transformation.

Lewin

Créé par Kurt Lewin, ce modèle classique se divise en seulement trois étapes : dégel (Unfreezing) — préparer l’organisation au changement, changement (Changing) — mise en œuvre du changement et re-gel (Refreezing) — stabilisation et ancrage du changement dans la culture ou les processus.

La gestion du changement dans les environnements IT modernes

La technologie rend les changements complexes, mais elle apporte aussi les solutions pour mieux les gérer. C’est pourquoi la mise en œuvre de processus de changement structurés, au sein d’un cadre de gouvernance IT, nécessite des outils spécialisés comme Pandora ITSM.
Cette solution considère le changement comme un processus central et critique de l’ITSM et applique les meilleures pratiques pour créer, approuver, mettre en œuvre et auditer les changements IT de manière structurée et automatisée.
Ainsi, nous éviterons de devenir le prochain Knight Capital, cité en exemple de ce qu’il ne faut surtout pas faire en matière de gestion du changement IT.

Le flux du processus de changement dans Pandora ITSM

Pandora ITSM offre un contrôle total du changement tout au long de son cycle de vie, permettant de gérer :

  • L’enregistrement initial de la demande de changement.
  • Son évaluation par le CAB et le Change Manager, avec autorisation, rejet ou demande d’informations complémentaires.
  • La planification et l’affectation des tâches, des responsables et des échéances nécessaires à la mise en œuvre du changement.
  • L’enregistrement des remarques, des imprévus, et le lien avec les tickets ITSM associés.
  • La revue du changement et sa clôture.
  • La documentation finale et l’archivage.

Les meilleurs outils reflètent les meilleures pratiques, et Pandora ITSM intègre les méthodes éprouvées à chaque étape.
De plus, la plateforme permet de classer les changements selon les trois catégories définies par le cadre ITIL — standard, normal et d’urgence — et de les gérer de façon rigoureuse.
Les changements sont comme des enfants en bas âge : il suffit de détourner les yeux un instant pour que quelque chose prenne feu. Grâce à la traçabilité offerte par Pandora ITSM, on sait à tout moment où en est chaque changement, et l’on dispose de toutes les informations nécessaires en cas d’audit, interne ou externe.
Elle intègre également des fonctionnalités qui rendent la gestion et le contrôle des changements en ITSM aussi simples et indolores que possible, telles que :

  • Automatisation, notifications et alertes.
  • Flux prédéfinis pour rester alignés sur les meilleures pratiques.
  • Modèles pour simplifier les changements récurrents et répétitifs.
  • Contrôle des accès et des rôles pour garantir un niveau de sécurité adapté.
  • Journaux détaillés (logs) pour assurer la conformité aux réglementations et faciliter les audits, internes comme externes.

En résumé, Pandora ITSM soulage le poids de la gestion du changement, nous guide vers la méthode la plus efficace et réduit les erreurs grâce à un processus structuré et éprouvé.
Le changement est inévitable, mais le chaos ne l’est pas. C’est pourquoi il est crucial de bien connaître les méthodologies adaptées et les outils qui les mettent en œuvre, comme Pandora ITSM. Tout le reste reviendrait à invoquer Loki armé d’un briquet, dès qu’un changement devient nécessaire… ce qui, en technologie, arrive à chaque minute.

Pandora ITSM est un équilibre entre flexibilité, simplicité et puissance

Et surtout, il s'adapte à vos besoins.

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